Dix ans après le congrès de Reims, le PS déroule le tapis rouge à Ségolène Royal

Dix ans après le congrès de Reims, le PS déroule le tapis rouge à Ségolène Royal:

Celle qui a vu le poste de secrétaire du PS lui échapper de peu il y a dix ans engrange désormais des soutiens inattendus, de Martine Aubry à Anne Hidalgo.

Le symbole ne manque pas de piquant. Il y a tout juste dix ans, Ségolène Royal voyait le poste de premier secrétaire du PS lui échapper à 102 voix près lors de l’homérique congrès de Reims. Une victoire volée par ses «camarades» malveillants, avait-elle affirmé avant d’entamer une douloureuse traversée du désert pendant que Martine Aubry dominait le parti.

De ce congrès perdu, Ségolène Royal ne s’en était jamais vraiment remise. Sévèrement battue à la primaire socialiste de 2011 (6,95 %) puis aux législatives de 2012, elle dut chaque fois faire face aux indélicatesses de son camp. Encore aujourd’hui, quand elle évoque «le fameux congrès de Reims», Ségolène Royal n’est pas tendre avec les éléphants. «S’il y a une femme trop intelligente, trop autonome, qui risque de porter ombrage, il va y avoir une coalition», n’a-t-elle pas hésité à confier récemment àMidi libre, évoquant «les femmes moins solidaires entre elles que les hommes», qui, eux, savent «diviser pour régner» et «utiliser les femmes contre les femmes».

Les temps auraient-ils changé? En pleine campagne promotionnelle de son livre Ce que je peux enfin vous dire (Fayard), Ségolène Royal engrange des soutiens inattendus. Il y a d’abord la maire de Lille… Martine Aubry. Selon Libération , l’ancienne rivale a fait savoir à ses proches qu’elle verrait d’un bon œil que Ségolène Royal mène une liste aux élections européennes.

Front de femmes

Dans le même temps, Anne Hidalgo a, elle aussi, envoyé un signe bienveillant à Ségolène Royal. Via un tweet, Anne Hidalgo a salué «le livre courageux» de l’ancienne ministre. Un changement de ton de l’édile parisienne, alors qu’elle avait eu maille à partir avec l’ancienne ministre sur plusieurs dossiers (agrandissement de Roland-Garros, circulation alternée, etc.).

«Anne Hidalgo souhaite une liste sociale-démocrate, écologiste et proeuropéenne. Ségolène Royal fait partie des personnalités qui portent cette ligne»

«Je me retrouve pleinement dans ses combats pour l’écologie et le féminisme, qui guident aussi mon action à Paris», dit aujourd’hui Anne Hidalgo. Son entourage précise au Figaro : «Anne Hidalgo souhaite une liste sociale-démocrate, écologiste et proeuropéenne. Ségolène Royal fait partie des personnalités qui portent cette ligne.» Au PS, certains y voient la constitution d’un front de femmes pour juguler le retour de François Hollande (lire ci-contre). Les ennemis d’hier deviennent les alliés d’aujourd’hui à la faveur d’un nouveau contexte politique.

Surtout, la rancœur contre Ségolène Royal n’a plus vraiment de place dans un parti menacé d’aller au crash aux élections européennes. L’ancienne candidate à la présidentielle qui «réfléchit» à mener sa propre liste, est devenue une planche de salut pour les socialistes. Ceux qui, jadis, travaillaient à sa perte lui déroulent désormais le tapis rouge. Alors même que la «Madone» rechigne à endosser le dossard socialiste. Ça serait «absurde», a-t-elle récemment confié, louant plutôt une démarche «écologiste». Qu’importe, le PS est prêt à accepter ses conditions, pourvu qu’il évite d’être conduit aux européennes par un inconnu qui planterait définitivement le PS dans le décor.

Toutes les autres figures (Najat Vallaud-Belkacem, Bernard Cazeneuve, Pierre Moscovici, Christiane Taubira, Olivier Faure…) ont renoncé à se présenter. Un score sous la barre des 5 % en mai prochain signifierait l’absence de socialistes au Parlement européen. Mais, en privé, Ségolène Royal, qui dit «ne rien avoir oublié», est catégorique: sauver le parti, elle n’en a cure.

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