Free débourse 1,4 milliard d’euros pour satisfaire ses actionnaires


Free débourse 1,4 milliard d’euros pour satisfaire ses actionnaires:

Sous forte contrainte, les opérateurs télécoms français multiplient les opérations financières.

Et si Free n’était plus une valeur de croissance? Longtemps, l’action d’Iliad – la maison mère de Free – a séduit les investisseurs, portée par le dynamisme de son activité. Mais depuis mi-2017, le cours s’est effondré pour passer de 235 euros
à 93. Ce mardi, pour rallumer la flamme, Xavier Niel, le fondateur d’Iliad, a annoncé une offre publique de rachat d’actions (Opra), valorisant l’action à 120 euros. Rien de tel pour redonner du lustre à un cours atone. L’annonce a immédiatement
été suivie d’une remontée spectaculaire de l’action Iliad qui a bondi de 20,19 % à 114,25 euros.

Dans le détail, l’Opra porte sur 11,6 millions de titres, soit un montant total de 1,4 milliard d’euros.
«Nous voulons offrir à nos actionnaires la plus large palette d’opportunités: conserver leurs actions, les céder ou participer à l’augmentation de capital», explique Thomas Reynaud, directeur général d’Iliad, qui précise avoir mis
cette opération en place «pour répondre à la demande de certains actionnaires». L’Opra devrait être lancée le 23 décembre, après la tenue d’une assemblée générale le 20 décembre. Elle se terminera le 13 janvier. Si 100 % de l’opération
devait être souscrite par Xavier Niel, il porterait sa participation dans Iliad de 52 à 72 %.

Faible croissance

«Le risque pris par Xavier Niel démontre qu’il croit à une valeur de l’action supérieure à 120 euros. Ce qui se traduit aussi dans les objectifs de résultats d’Iliad», analyse Thomas Coudry, analyste financier télécoms chez Bryan, Garnier
& Co. «J’ai confiance dans l’entreprise, son management et les perspectives du groupe», a affirmé Xavier Niel, qui a réitéré «son engagement» pour Iliad. De son côté, Thomas Reynaud a insisté sur les premiers effets positifs
de la nouvelle stratégie du groupe, mise en place en 2018. Au troisième trimestre, Free a ralenti la fuite de ses abonnés mobile – il n’en a perdu que 18.000 en trois mois – et il en a gagné 32.000 dans le fixe, mettant fin à cinq trimestres
consécutifs de baisse. Le chiffre d’affaires de Free grimpe de 3,3 % à 1,22 milliard d’euros. Cette embellie demande encore à être confirmée dans les mois à venir. Surtout, ses performances sont davantage celles d’une entreprise mature que
d’une start-up, entérinant un peu plus l’hypothèse de la fin de la période de croissance folle pour le groupe. D’autant que son relais de croissance, l’Italie, est, pour encore plusieurs trimestres, une source de coûts.

Les opérateurs télécoms ont encore de gros investissements à réaliser dans la fibre et la 5G. Ils sont soumis à d’importantes contraintes réglementaires. Ils peinent à augmenter leurs prix du fait de la pression concurrentielle. Et l’Europe
est globalement hostile aux opérations de consolidation

Thomas Coudry, analyste financier télécoms chez Bryan, Garnier & Co

Les déboires d’Iliad à la Bourse sont symptomatiques de ceux des opérateurs télécoms européens. Stéphane Richard, le PDG d’Orange, en fait régulièrement la constatation. Il n’a pas hésité à se plaindre à plusieurs reprises de l’atonie du cours
de Bourse de son groupe. L’action évolue dans la zone des 14,50 euros depuis près de cinq ans! La frilosité des investisseurs à l’égard de ce secteur a quelques raisons. «Les opérateurs télécoms ont encore de gros investissements à réaliser dans la fibre et la 5G. Ils sont soumis à d’importantes contraintes réglementaires. Ils peinent à augmenter leurs prix du fait de la pression concurrentielle. Et l’Europe est globalement hostile aux opérations de consolidation»,
résume Thomas Coudry. La situation est encore plus tendue en France, avec un environnement concurrentiel qui reste très agressif. Le marché a écarté toute hypothèse de consolidation, du moins dans un futur proche. À cela s’ajoutent les craintes
liées au manque de visibilité sur la 5G et aux exigences de couverture (donc d’investissements) qui pourraient
être imposées aux opérateurs nationaux.

Dans ce paysage pour le moins terne, seul le cours de Bourse d’Altice s’est offert une petite flambée. Il a plus que doublé en six mois, à 5,47 euros, faisant oublier son passage à vide de 2018. Mais là aussi, la croissance du titre a, avant tout,
été portée par des opérations financières, avec la cession d’une partie des pylônes de SFR et de son réseau fibre. Le montage mis en place par les équipes de Patrick Drahi permettant de déconsolider une partie de la dette du groupe liée au
déploiement de ces infrastructures. Le tout a été soutenu par l’amélioration des performances commerciales du groupe au deuxième trimestre, qui devrait être confirmée au troisième. Avant lui, Bouygues Telecom a réalisé une opération similaire.
Free a été le troisième à le faire. Il ne manque plus qu’Orange à l’appel. L’opérateur historique est resté évasif sur le sujet, n’excluant aucune hypothèse qui lui permettrait de mieux valoriser ses actifs. Rendez-vous est pris pour le 4
décembre, date à laquelle Orange doit détailler son nouveau plan stratégique pour les quatre à cinq années à venir.

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