Lien entre OGM et cancer : l’étude était une manipulation


Lien entre OGM et cancer : l’étude était une manipulation:

En 2012, une étude menée par Gilles-Éric Séralini avait trouvé un excès de tumeurs chez des rats nourris avec du maïs génétiquement modifié. Six ans plus tard, une étude plus rigoureuse invalide ces résultats inquiétants.

Quatre ans après son lancement, un projet de recherche européen visant à évaluer les risques pour la santé d’un type de maïs génétiquement modifié – le projet «G-TwYST» – vient de livrer ses conclusions. Les données brutes ne seront publiées qu’à la fin de l’année, mais un rapport divulgué fin avril permet d’en apprécier les grandes lignes: «Aucun risque potentiel pour les humains et les animaux n’a été identifié.»

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Tout commence en juillet 2012, lorsque la Commission européenne décide de mettre 15 millions d’euros sur la table pour évaluer l’intérêt de demander aux producteurs d’OGM la réalisation d’essais de 90 jours chez les rongeurs pour pouvoir obtenir une autorisation de commercialisation. Un premier projet, nommé «Grace» est lancé dans la foulée pour évaluer l’impact sanitaire chez des rats d’une alimentation à base de maïs MON810, une semence modifiée pour pouvoir résister aux insectes. Plusieurs dizaines de partenaires académiques de toute l’Union européenne sont impliqués.

 «L’étude de Séralini comportait au moins deux problèmes majeurs»

Quelques mois plus tard, en septembre 2012, la publication dans la revue Food and Chemical Toxicology d’une étude dirigée par Gilles-Éric Séralini fait grand bruit dans la communauté scientifique. Le professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen vient de montrer que des rats nourris avec du maïs génétiquement modifié ont développé des tumeurs. L’affaire est très vite relayée par Le Nouvel Observateur dans un numéro intitulé «Oui, les OGM sont des poisons! – Les révélations d’une étude de scientifiques français.

Même si ces résultats seront par la suite invalidés par l’ensemble de la communauté scientifique en raison d’importants impairs méthodologiques, c’est un véritable coup de massue pour l’opinion publique, dans un contexte où les OGM sont déjà très critiqués. «L’étude de Séralini comportait au moins deux problèmes majeurs», commente Bernard Salles, chercheur au centre de recherche sur la toxicité des contaminants alimentaires à l’Inra. «D’une part il a réalisé ses expériences sur un nombre trop réduit de rats (seulement 10 par groupe testé, NDLR). D’autre part, il a utilisé une lignée de rats connue pour développer naturellement beaucoup de tumeurs. Plus de la moitié des animaux de cette espèce ont un cancer avant leur deuxième année.»

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Même contestée, l’étude de Séralini a tout de même lancé un débat. Une nouvelle étude, cette fois menée dans les règles de l’art, est alors nécessaire pour y voir plus clair, même si de nombreuses expériences dédouanant les OGM avaient déjà été réalisées. De là est né le projet «G-TwYST»(pour «Genetically modified plants two year safety testing») en 2014. L’affaire a été mise entre les mains de 11 scientifiques européens qui, avant toute chose, ont eu à prouver leur bonne foi. Leurs déclarations de liens d’intérêts, consultables sur Internet, montrent qu’ils en sont tous exempts, sauf l’un des scientifiques, qui a déclaré détenir une dizaine de parts d’un fonds d’investissement dédié aux biotechnologies.

Passée cette première étape, les chercheurs se sont mis à leurs paillasses. Plusieurs études ont été menées de front, toutes chez des rats. Certains animaux ont été nourris avec du maïs génétiquement modifié de type NK603 (conçu pour résister au glyphosate, un herbicide), d’autres avec le même maïs OGM traité avec du glyphosate et, enfin, un groupe «contrôle» a reçu du maïs non modifié.

 «Nous n’avons observé aucun effet en termes d’allergie ou d’immunotoxicité au sens large chez les animaux nourris au maïs génétiquement modifié»

Ce maïs NK603 est le même que celui utilisé par le Pr Séralini lors de son expérience de 2012. Après trois mois à ce régime, rythmés par de nombreuses prisesde sang et analyses d’urine, les animaux ont finalement été euthanasiés, puis examinés dans les moindres détails. Et les résultats n’ont rien à voir avec ceux retrouvés par l’équipe de Séralini six ans plus tôt.«Il n’y a pas eu d’effets indésirables liés à l’administration de maïs OGM NK603 cultivé avec ou sans Roundup», écrivent les auteurs.

Et ils ne se sont pas arrêtés là. En parallèle, ils ont mené une autre étude sur deux ans, comme l’avait fait le Pr Séralini. Contrairement à ce dernier, ils ne se sont pas contentés de 10 animaux par groupe, comme l’avait fait le biologiste, mais de 100. Et là encore, ils n’ont rien trouvé. Pas plus de tumeurs que dans le groupe nourri au maïs non modifié. Pas non plus de réactions du système immunitaire. «Nous n’avons observé aucun effet en termes d’allergie ou d’immunotoxicité au sens large chez les animaux nourris au maïs génétiquement modifié», indique Karine Patient, directrice de recherche à l’Inra qui a pris part au projet.

Au total, plus de 2200 animaux ont été sacrifiés pour ce grand projet européen. Alors que la Commission européenne vient récemment d’adopter un règlement obligeant les producteurs d’OGM à réaliser des essais d’alimentation animale sur 90 jours et qu’elle réfléchit à étendre cette durée à deux ans, les chercheurs mettent en garde sur la nécessité d’évaluer au cas par cas le bien-fondé de ces études longues, «compte tenu du grand nombre d’animaux requis».

Une autre étude d’envergure (le projet «GMO90+»), initiée en 2014 à la demande du ministère de la Transition écologique vient également d’être achevée. «Les résultats seront publiés à la fin de l’année dans une revue scientifique, confie Bernard Salles, son coordinateur. Pour le moment je ne peux pas en dire plus.»

En Europe, seule la culture du maïs MON810, résistant à des insectes ravageurs, est autorisée.

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