L’État débordé par la montée de la violence des mineurs


L’État débordé par la montée de la violence des mineurs:

Cambriolages, vols de voitures, agressions sexuelles… l’hyperactivité des mineurs alarme les pouvoirs publics.

Elles sont neuf. Elles ont moins de 13 ans. En France, l’an dernier, ces fillettes, mais aussi 134 garçons guère plus vieux, ont été mis en cause pour vols de voitures. Et si l’on prend en compte toutes les infractions de ce type sur lesquelles la
police ou la gendarmerie ont été capables de mettre un nom, les mineurs représentent désormais un mis en cause sur trois.

Les mineurs comptent aussi pour un quart du vivier des auteurs présumés de cambriolages de logements.
Ceux que la police a pu appréhender. Les moins de 18 ans représentent 3% des mis en cause pour homicide, une proportion qui passe à 9% pour les coups et blessures volontaires.

En mars dernier, à Vaulx-en-Velin, la police a arrêté un adolescent lyonnais qui avait déjà 79 affaires judiciaires à son palmarès… à 16 ans

Un auteur présumé sur cinq de vol avec arme signalé à la justice est un mineur. Leur part chez les mis en cause pour vols sans violence est de 24%. Et elle atteint 35% concernant les vols violents sans arme. Autre signe inquiétant: 27% des mis en
cause pour violences sexuelles ont moins de 18 ans. Les moins de 13 ans mis en cause pour ces faits pèsent même 10% de l’ensemble des personnes dénoncées pour ce type d’infractions.

«Ensauvagement»… Le terme prospère à droite, à mesure que l’actualité éclaire l’hyperactivité de la délinquance juvénile. Dans la bouche des syndicalistes policiers, comme Patrice Ribeiro, patron de Synergie-officiers, il s’agit de désigner «ces jeunes
qui n’ont même plus peur de la police». En mars dernier, à Vaulx-en-Velin, ville emblématique des violences urbaines, bien connue de l’actuel ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, la police a arrêté un adolescent lyonnais qui avait déjà 79
affaires judiciaires à son palmarès… à 16 ans.

«Phénomènes de bandes»

Le durcissement de la génération nouvelle est-elle un fait objectif? A-t-il à voir avec une forme de laxisme judiciaire? Doit-il plutôt au prisme déformant de ces faits divers qui embrasent aujourd’hui les réseaux sociaux, comme cette affaire de Pau, le 18 mai dernier, qui s’est soldée par le lynchage à mort d’un trentenaire par une bande de tout jeunes mineurs?

Une chose est sûre: si le traitement de la délinquance juvénile est une priorité dans le discours politique, il l’est de moins en moins dans les faits. Les chiffres que Le Figaro a pu consulter sont éloquents et indiscutables, puisqu’ils émanent
du ministère de l’Intérieur lui-même.

On découvre ainsi que de 2010 à 2017, les mineurs mis en cause sont passés au total de 216.000 à 195.000 (-9,6%), tandis que les majeurs mis en cause sont passés de 930.000 à 884.000 (-4,9%). Alors que dans le même temps, les crimes et délits en France
métropolitaine avaient augmenté de 2,9%. Ces chiffres traduisent l’activité de la police et de la gendarmerie.

«Bien sûr, il y a l’effet des attentats terroristes, car les forces de l’ordre se sont davantage mobilisées ces dernières années sur la surveillance et la sécurisation de l’espace public, ce qui a forcément laissé moins de temps pour l’investigation»,
spécule un haut fonctionnaire de la police parisienne. Selon lui, la baisse des infractions relevant de l’activité des services (Iras) a pu jouer également, notamment la diminution des constats d’infractions à l’entrée, à la circulation et au
séjour des étrangers en France.

Criminalité organisée

Pour Christophe Soullez, le patron de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), la nature même du vivier criminel évolue. «Il n’est pas faux de prétendre que les jeunes d’aujourd’hui sont plus durs que ceux d’hier»,
déclare-t-il. Et le criminologue de décrire «une délinquance juvénile ancrée sur certains territoires, dans certains quartiers, et trouvant indéniablement un large champ d’expression à travers des phénomènes de bandes.»

Dans son dernier rapport annuel, le service statistique du ministère de l’Intérieur (SSMI) constate une «surreprésentation des étrangers parmi les mis en cause» pour cambriolages ou tentatives de cambriolages dans des logements.  La très grande
majorité de ces personnes sont des hommes, souvent très jeunes», écrivent les statisticiens de Beauvau.

«Il n’est pas faux de prétendre que les jeunes d’aujourd’hui sont plus durs que ceux d’hier»

Christophe Soullez, le patron de l’Observatoire national de la ­délinquance et des réponses pénales

Pour Christophe Soullez, c’est une évidence, «la part importante des mineurs mis en cause pour cambriolages a directement à voir avec la criminalité organisée des ex-pays du bloc de l’Est et des Balkans notamment, qui exploitent ces enfants comme
de la main-d’œuvre». Selon lui, «il y a bien un calcul rationnel opéré par les réseaux», qu’ils viennent d’Afrique ou d’Europe. Le fameux «benchmarking» évoqué par Gérard Collomb? En l’espèce, les enfants sont envoyés commettre des délits à la
chaîne à la place des adultes parce qu’ils encourent en France des sanctions bien moindres que leurs aînés, voire aucune sanction pour les plus jeunes.

Longtemps évoquée, la refonte de l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs piétine.
Les centres éducatifs fermés promis sous Hollande n’ont jamais vu le jour. Sous Macron, ils n’existent encore que sur le papier. Et la Chancellerie n’a jamais vraiment rompu avec l’angélisme des années Taubira. «Face à Beauvau, en matière de réforme
pénale, la Place Vendôme fait finalement ce qu’elle veut», déplore un représentant du Syndicat indépendant des commissaires (SICP). La lutte contre la récidive -surtout celle des mineurs- n’est visiblement plus une priorité.

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