Le niveau des océans pourrait grimper de 6 à 9 mètres, comme il y a 120.000 ans


Le niveau des océans pourrait grimper de 6 à 9 mètres, comme il y a 120.000 ans:

Même si le réchauffement climatique se stabilisait à 2 degrés, les océans risquent de continuer à monter de plusieurs mètres par la suite, préviennent les scientifiques.

Comment savoir quelles seront les conséquences réelles du réchauffement climatique en cours? Que se passera-t-il dans le cas le plus optimiste, si les nations réussissent à observer les objectifs pris lors de la COP21 à Paris, à savoir limiter la montée des températures à 2 degrés au-dessus des niveaux préindustriels? Pour répondre à ces questions, les enseignements du passé sont précieux, et ils montrent que les modèles actuels semblent sous-estimer certains effets à long terme, comme la montée des océans.

Une collaboration scientifique internationale s’est penchée sur trois épisodes «récents» où les conditions se rapprochaient le plus de ce qui nous attend dans les prochaines décennies. «Nous avons choisi trois intervalles passés où la température globale était de 1 à 2 degrés plus chaude que l’ère préindustrielle», explique Valérie Masson-Delmotte, spécialiste des climats du passé au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement de l’Institut Pierre-Simon Laplace, et l’une des auteurs de l’étude publiée dans la revue Nature Geoscience. «Nous ne sommes remontés qu’à 3,5 millions d’années en arrière, même s’il y a eu avant cela des épisodes avec des teneurs de CO2 plus élevées qu’aujourd’hui. Mais nous n’aurions pas pu tirer de conclusions pertinentes car les continents ont depuis trop changé, et cela modifie notamment les équilibres océans-continents, et notamment les courants océaniques», précise la climatologue française.

Emballement catastrophique

La période la plus récente étudiée est appelée l’optimum thermique du début de l’holocène, de – 11.000 à – 5000 ans. Les deux autres périodes chaudes sont la dernière période interglaciaire, autour de – 120.000 ans, et le milieu du pliocène, il y a 3 millions d’années. «Les causes de ces périodes chaudes peuvent être différentes de ce qui est projeté pour le futur, mais nous nous sommes intéressés aux réponses de l’océan, de l’atmosphère et de la biosphère face à un réchauffement global», raconte Anne-Laure Daniau, chercheuse CNRS sur les climats passés à Bordeaux. Jusqu’à 800.000 ans dans le passé, les températures et les taux de CO2 sont connus avec précision grâce aux mesures des bulles de gaz piégées dans les glaces de l’Antarctique. Pour remonter plus loin, les chercheurs se basent sur des mesures chimiques dans les sédiments.

L’un des paramètres étudiés par l’étude est le niveau des océans lors des périodes chaudes. L’enjeu est évidemment crucial pour les centaines de millions de personnes qui vivent aujourd’hui dans des régions côtières. Et pour ce point, les enseignements du passé sont plutôt inquiétants. «Lors de la dernière période interglaciaire, il y avait une fonte partielle des glaciers du Groenland, ainsi qu’un retrait d’une partie de ceux de l’Antarctique, avec une montée du niveau des océans de 6 à 9 mètres», détaille Valérie Masson-Delmotte. Une hausse bien plus grande que l’ordre de grandeur de 1 mètre d’ici à 2100 qui est actuellement prévu par les modèles informatiques. Pourquoi une telle différence? Les modèles sont-ils faux?

«Les océans ont un effet stabilisateur, ils absorbent rapidement de grandes quantités de chaleur dans l’atmosphère, mais cette énergie piégée dans les profondeurs finira un jour par remonter à la surface»

En fait, les simulations actuelles ne peuvent décrire que les évolutions rapides en réponse aux changements actuels, qui, à l’échelle de la planète, se déroulent à un rythme extrêmement rapide, totalement inédit. Or certains mécanismes qui influencent le niveau des océans, comme la fonte des glaciers, agissent avec des temps de réponse de l’ordre du siècle, voire plus. «Les océans ont par exemple un effet stabilisateur, ils absorbent rapidement de grandes quantités de chaleur dans l’atmosphère, mais cette énergie piégée dans les profondeurs finira un jour par remonter à la surface, avec des circulations qui prennent typiquement 1 000 ans», explique Valérie Masson-Delmotte.

La hausse de 6 à 9 mètres il y a plus de 100.000 ans est ainsi le résultat d’un équilibre atteint sur des milliers d’années. Il est donc possible que les océans ne grimpent que de 1 mètre d’ici à la fin du XXIe siècle, mais ils risquent de continuer à monter de plusieurs mètres par la suite, même si le réchauffement se stabilisait autour de 2 °C. Cette grande synthèse des connaissances acquises depuis des décennies sur les climats passés confirme aussi que le réchauffement entraîne une migration des écosystèmes vers les pôles ou les zones de plus haute altitude.

Seul élément rassurant: si le réchauffement en cours se limite à 2 °C, «le risque d’un emballement catastrophique lié à de fortes émissions induites de gaz à effet de serre est relativement faible», explique un communiqué de presse du CEA. Il semble en effet que la fonte du pergélisol, aussi appelé permafrost, qui contient d’immenses quantités de carbone n’entraînerait alors pas une accélération sans fin du réchauffement. Mais si le réchauffement dépassait les 2 °C, ce qui paraît aujourd’hui plus que probable?

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