En Allemagne, la CSU doute de sa stratégie électorale anti-immigration


En Allemagne, la CSU doute de sa stratégie électorale anti-immigration:

Le débat sur l’immigration, qui a généré des divisions au sein du parti, ne semble pas faire gagner des voix en vue des élections régionales. Certains trouvent aussi que le débat s’est beaucoup trop concentré autour des réfugiés, délaissant les préoccupations quotidiennes des Allemands.

À Berlin

Tout ça pour ça? Le 1er août entre en vigueur le quota mensuel de réfugiés qui pourront bénéficier d’un regroupement familial en Allemagne. Les conservateurs bavarois de la CSU ont mené une longue bataille contre leur parti «frère» de la CDU pour obtenir ce contingent. En juin, ils se sont également battus pour accélérer l’expulsion des réfugiés déjà enregistrés dans un autre État membre européen.

«Le gouvernement contrôle maintenant la situation», peut affirmer aujourd’hui le ministre de l’Intérieur CSU, Horst Seehofer, qui a pris le risque d’un conflit ouvert avec Angela Merkel. Tout est là: à quelques mois des élections régionales bavaroises du 14 octobre, «la CSU doit absolument montrer que l’État n’est pas en faillite comme le dit à l’extrême droite l’AfD et que gouvernement maîtrise la situation», constate Michael Weigl, professeur de science politique à l’université de Passau, en Bavière.

Pourtant, loin de récolter les fruits de sa campagne, la CSU dégringole dans les sondages en Bavière. La CSU ne remporterait que 38 % des voix aux prochaines régionales, selon le sondage Infrates Dimap publié le 16 juillet. L’AfD récupère les électeurs à sa droite, les Verts à sa gauche. Une catastrophe pour un parti habitué à dépasser les 50 % depuis sa création dans les années d’après-guerre. Sans cette majorité absolue, ce parti qui n’existe qu’en Bavière aura du mal à imposer ses vus à Berlin. Selon un sondage Forsa, publié le 28 juillet, la CSU n’obtiendrait que 5 % des voix si elle se présentait seule aux élections nationales.

Le vent de la rébellion interne

Au sein même de la CSU, des voix se font entendre pour calmer le jeu, et pas seulement pour des raisons stratégiques. Une «Union pour le centre» s’est formée entre membres «libéraux» de la CDU et de la CSU. Ce «fan-club» d’Angela Merkel ne recueille que 3200 adhérents sur sa page Facebook, assez néanmoins pour que le secrétaire général de la CSU, Blume Bloch, les appelle à cesser leurs petits jeux «de division et sectarisme». Le vent de la rébellion interne va plus loin encore. «Beaucoup de jeunes CSU de ma génération trouvent que le débat s’est beaucoup trop concentré sur la question des réfugiés», constate Philipp Ramin, président de la section CSU de Neutraubling, une ville nouvelle en bordure de Ratisbonne.

Bien sûr, «il faut faire quelque chose pour maîtriser la situation», mais «beaucoup d’autres thèmes sont essentiels pour l’avenir, comme le haut débit, la mobilité ou l’éducation», plaide le jeune entrepreneur du secteur numérique. Le très conservateur maire de Deggendorf, à quelques kilomètres de là, en basse Bavière, Christian Moser, constate, lui aussi, que «ses électeurs ont d’autres sujets de préoccupation que les réfugiés». Les membres du parti réservent toutefois leurs critiques au débat interne. «La discipline fait la force de notre parti», note-t-il.

«Sur des thèmes comme la famille ou les traditions culturelles, il est facile de concilier les valeurs chrétiennes et conservatrices. C’est beaucoup plus difficile sur un sujet comme les réfugiés»

La fracture morale de la CSU est profonde, dit Tobias Rothmund, professeur de psychologie politique à l’université de Coblence. «Sur des thèmes comme la famille ou les traditions culturelles, il est facile de concilier les valeurs chrétiennes et conservatrices. C’est beaucoup plus difficile sur un sujet comme les réfugiés.» D’ores et déjà, l’Église s’est démarquée d’un parti pour lequel elle appelait encore à voter il y a vingt ans. Le plan pour l’immigration présenté par Hors Seehofer en juin est «le point le plus bas que puisse atteindre une politique humanitaire», a estimé Klaus Seitz, de l’organisation caritative protestante Brot für die Welt.

Pourquoi, dès lors, le combat entre Angela Merkel et son ministre Horst Seehofer a-t-il atteint ce point culminant? Le psychologue politique Tobias Rothmund a deux interprétations. D’une part, «il n’est pas impossible que les jeunes loups du parti qui ont attendu longtemps leur heure sous la direction très autoritaire de Horst Seehofer aient tout fait pour le pousser à bout et l’éjecter». Le meurtre du père en quelque sorte. Issu d’une culture très conventionnelle et machiste face à une femme telle qu’Angela Merkel, «Horst Seehofer est aussi un peu comme le gorille qui frappe son torse pour affirmer son rôle de mâle alpha mais se rend compte qu’il n’en a plus tout à fait la force».

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